Les troubles alimentaires et troubles associés
- santenaturell
- 12 nov. 2022
- 5 min de lecture
Comprendre, agir, se faire accompagner
Obésité, hyperphagie, anorexie, boulimie... il y a mille façons de se détruire avec l'alimentation.

Les psychiatres n'en finissent pas d'enrichir leur vocabulaire pour décrire les troubles alimentaires. Au-delà de toutes ces étiquettes, où se trouve la personne ? Quelles sont les aides apportées par la médecine allopathique, par les thérapeutes, les psychiatres, les psychologues ?
Je ne ferai pas ici état de leur approche mais plus de la mienne, de mon expérience personnelle et de terrain, sur ces différents troubles qui restent souvent des non-dits et qui enferment alors la personne dans un désespoir sans fin et des souffrances morales et physiques qui ne font qu'augmenter au fur-et-à-mesure des années si la personne n'est pas prise en charge ou reste dans le déni.
Dans ce premier volet, je vais décrire les différents troubles alimentaires. Les solutions à apporter seront décrites dans d'autres chapitres.
Tout ces désordres méritent d'être pris au sérieux, alors au-delà de mon blog, n'hésitez pas à consulter des psychiatres et même des addictologues qui, pour les cas les plus graves, ont des solutions médicamenteuses à l'essai dont les résultats sont très encourageants.
Les compulsions alimentaires
Il s'agit de l'engloutissement compulsif d'une grande quantité de nourriture dans un laps de temps réduit avec une quantité déraisonnable d'aliments choisis, aimés, parfois et même souvent que l'on s'interdit le reste du temps.
Ces épisodes ne sont pas suivis de vomissement et peuvent être épisodiques, souvent en fonction d'un événement dans la journée ou des émotions mal gérées.
Ces compulsions sont problématiques à partir du moment où l'on se sent perdre notre volonté, où un sentiment de culpabilité nous envahit, ou bien quand ces dérives alimentaires sont fréquentes.
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La boulimie
Les boulimiques vivent dans un conflit permanent avec la nourriture, c’est pourquoi ce problème leur apparaît insoluble puisque, comme ils finissent par le constater tous, si l’on peut vivre sans boire de l’alcool, sans fumer de cigarette, sans prendre de drogue, en revanche on ne peut pas vivre sans manger. Terrifiante, cette dépendance se renforce avec le temps et l’installation de l’habitude. Certaines personnes vivent chaque jour au travail avec la pensée de la crise du soir, et traversent des périodes de manque aiguës, meurtrières.
L'anorexie
Au-delà d’un sentiment d’orgueil, voire de toute-puissance, dans le fait d’avoir dompter la sensation de faim, il existe une jouissance dans le jeûne et dans le dépassement des limites corporelles. Et la nier revient à nier la réalité de la maladie.
L’adolescence et la puberté mais aussi lors de grands changements comme un mariage, une grossesse, ou la ménopause pour les femmes sont des moments clés où une anorexie peut survenir. Parfois, c’est anodin, une remarque sur l’apparence physique, un échec, une déception affective ou un déménagement , un changement de vie.Certains événements traumatiquespeuvent être clairement identifiés : le divorce des parents, le décès d’un proche, un viol ou un abus sexuel… D’autres traumatismes sont parfois si profondément enfouis dans l’inconscient que les faire revivre fait partie intégrante du traitement.
Le syndrome d'alimentation nocturne (night eating syndrome)
Décrit dès 1955, cette habitude de se lever la nuit pour manger est devenu la norme pour la personne qui, dans un semi-sommeil va aller manger sans vraiment en avoir conscience et dont le souvenir peut être effacé au réveil.
"L’alimentation nocturne « est un trouble médical qui peut être traité », explique M. Schulman. « Si vous pensez en être atteint, parlez-en à votre médecin. »
L'hyperphagie incontrôlée (Binge eating disorder)
Ici, dans l'ingestion d'une énorme quantité de nourriture sur une courte période (moins de deux heures), on a l'impression d'avoir perdu le contrôle de soi ou la possibilité de s'arrêter. C'est l'apparition de douleurs gastriques insupportables qui oblige à cesser. La faim ne déclenche pas la prise alimentaire et celle-ci se fait en cachette. Un sentiment de culpabilité et de honte d'avoir englouti cette quantité envahit la personne.
La psychothérapie et la nutrition seront deux approches complémentaires, avec un apprentissage de l'acceptation de ses émotions et des thérapies comportementales pour mieux comprendre ce qui fait perdre le contrôle.
Le grignotage
Dans ses formes les plus problématiques, la consommation répétée en dehors des repas et faim réelle pendant toute la journée, même s'il s'agit de petites quantités, est fortement préjudiciable pour le corps car celui-ci est alors sans arrêt sollicité au niveau digestif et se fatigue.
Il est important ici de comprendre ce besoin compulsif de mastiquer et d'avoir toujours quelque chose à la bouche, ou d'un besoin d'avaler. Évidemment, une psychothérapie serait intéressante ici.
L'orthorexie
Du grec orthos (correct) et orexis (appétit), c'est l'obsession de respecter des règles d'alimentation très strictes. La personne passe beaucoup de temps à réfléchir à ce qu'elle va manger, à faire les courses dans des lieux spécifiquement jugés "sains", avec des principes alimentaires de plus en plus contraignants. Elle peut créer une coupure du lien social, un isolement, une phobie sociale, mais dans les cas les plus graves, la personne peut perdre réellement l'appétit.
Ce trouble se rapproche du TOC (troubles obsessionnels compulsifs) avec des rituels de nettoyage et une phobie de la saleté.
Les thérapies cognitivo-comportementales alliées à un suivi psychologique sont importants à mettre en place le plus rapidement possible pour éviter le risque d'anorexie.
Le mérycisme
Il se caractérise en une régurgitation puis ré-ingestion du bol alimentaire, et cela de façon répétée. La personne fait remonter dans la bouche le contenu de son estomac récemment rempli et rumine les aliments pendant des heures. Cette pratique se retrouve chez des personnes souffrant de troubles psychiques graves. On peut le retrouver chez certains enfants mais aussi chez les anorexiques ou les boulimiques.
La potomanie
Fréquente et souvent retrouvée chez les personnes atteintes d'anorexie ou de boulimie, la consommation excessive d'eau ou autres liquides, soit dans une volonté de se purger, nettoyer, purifier son organisme, soit pour se remplir au maximum pour éviter de manger.
Boire trop de liquides peut entraîner des troubles métaboliques avec risques d'épilepsie ou de coma mortel.
Trouble purgatoire
Comportement de purge périodique dans le but d'influencer le poids ou la forme physique : vomissements, abus de laxatifs, abus de diurétiques ou de médicaments anorexigènes, et ce en l'absence d'épisode d'hyperphagie.
Dépendances associées
On parle de l'anorexie comme d'une conduite ordalique : fait de jouer avec la mort pour se sentir exister, risquer sa vie pour l'éprouver. D'autres addictions peuvent s'associer à ce trouble alimentaire existant. Les anorexiques-boulimiques présentent souvent davantage de comportements impulsifs que les anorexiques restrictifs purs : abus d'alcool, de drogues, ou encore le vol.
Une dépression, refoulée et niée par la prise de produit est l'élément commun aux conduites addictives et à la boulimie.
Des pratiques d'automutilation, scarification, coupures, brûlures, coups données pour se punir, peuvent aussi exister. Courir à 5 heures du matin est aussi un comportement suspect.
Toutes ces pratiques visent à décharger les tension et de soulager quelques instants la souffrance que les troubles alimentaires ne suffisent pas à calmer.
La prise en charge par des professionnels psychiatres est indispensable. Les conséquences sur la santé sont préjudiciables très rapidement.
Et après ?
Guérir ou améliorer des troubles du comportement alimentaire, c'est aussi devenir sa propre mère attentive, se nourrir ni trop, ni trop peu, selon ses besoins intérieurs.
Manger ou ne pas manger est une façon de parler à son entourage. Le lien, les échanges sociaux, familiaux, amicaux sont importants.
Apprendre à écouter sa vérité et quitter les fausses croyances est nécessaire pour se délivrer de la maladie qui a servi à quelque chose mais qui a détruit.
Une thérapie est un espace à soi pour se retrouver, pour se dire la vérité, les souffrances, les non-dits, où l'on apprend à exprimer nos souffrances plutôt que de les engloutir.
La guérison des troubles alimentaires n'est pas un mythe.
A lire :
- Déjouer les troubles alimentaires - Karin Bernfeld.
- Cessez de manger vos émotions - Isabelle Huot et Catherine Senécal
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